Déconfinement au Népal - on fait le point.


Un bilan à demi-teinte qui laisse tout de même espérer...                Et un appel pour la collecte d'un fond de soutien pour nos guides, sans salaire pour au moins 6 mois.


Dans un contexte tourmenté, de l'espoir ?


Kathmandu, le 1er juillet 2020,

 

Bouchons aux gros carrefours, échoppes ouvertes, déambulations, terrasses peuplées, mais que se passe t'il en ce moment à Kathmandu ???

 

Voilà 10 jours environ que le Népal a démarré son déconfinement. Certains diront "tant mieux", et d'une certaine manière à raison, mais vous verrez que la situation n'est pas si facile qu'elle n'y paraît.

 

Depuis 2 semaines, les habitants de Kathmandu, et très certainement de tout le Népal des régions "peu" impactées par le Covid-19, connaissent un retour progressif à la vie normale. Pourtant, cela s'est fait dans un contexte de manifestations de plus en plus nombreuses à un moment donné, contestant les choix et la gestion du confinement et des dépistages du Coronavirus de la part des autorités. Sans compter le virus lui-même qui continue à se développer de jour en jour.

 

Tiraillé entre reprise économique, protestations, crise diplomatique avec l'Inde (causée par la revendication de part et d'autre d'un territoire à l'extrême ouest du Népal) et crise financière de l'Etat lui-même, sans parler du virus qui est devenu incontrôlable, le gouvernement s'est vu obligé de lâcher du leste : le pays déconfine.

 

On fait le point pour vous.

 

 

Un contexte plein de confusion.

Nous estimons qu'environ 70 % des commerces et entreprises diverses ont rouvert leur activité, souvent à bas régime tout de même. La vie grouillante de Kathmandu n'est donc pas encore ce qu'elle était, mais un grand pas en avant a été fait et se fait ressentir après presque 3 mois de sommeil total.

 

Les commerces restant encore fermés sont les opérateurs du tourisme, les lieux de regroupement de foule et les commerces dont les dirigeants se sont réfugiés dans leur village loin de la ville. Le secteur tertiaire est quant à lui en grande partie rouvert. 

 

Les restaurants, certains en tout cas, font le plein, les marchés alimentaires rouvrent leur portes, et les services de livraison à domicile n'ont jamais été autant sollicités. 

Ce déconfinement, salutaire pour certains, s'est mis en application subitement, presque du jour au lendemain, sans aucune annonce officielle.

 

Les rumeurs vont toujours bon train et depuis le début du confinement elles ont toujours pris le dessus sur les défauts d'annonces et décisions du gouvernement qui sont insuffisantes, dénuées de clarté et sans aucune vision à moyen terme.

 

Les débuts de ce déconfinement, non annoncé donc, mais réel, ont donc été très compliqués, entre la population qui pensait pouvoir déambuler à nouveau librement et les autorités qui revendiquaient des conditions précises et strictes.

 

Kathmandu s'est ainsi retrouvée avec des embouteillages, des milliers de véhicules bloqués et verbalisés en raison d'un système pas clair de rotation par plaque d'immatriculation paire / impaire basé sur le calendrier, sans parler de la confusion des particuliers ignorant leurs droits à ressortir de chez eux.

 

Ce besoin général de retourner au travail et de refaire de la liquidité, ou plus simplement de ressortir de chez soi après 9 semaines d'isolation, a dévoilé et provoqué un élan précipitant un déconfinement quasi-forcé, dont l'Etat ne semble pas avoir su organiser et anticiper, sans en prendre la mesure et se projeter dans des étapes claires.

 

On se retrouve aujourd'hui avec un discours des autorités et des faits sur le terrain en total désaccord.

 

Les préconisations de l'Etat :

- Les transports doivent circuler par système de rotation basé sur les plaques d'immatriculation pair / impair selon le calendrier,

- Maximum 1 personne par véhicule 2 roues et 3 personnes par véhicule 4 roues,

- Les regroupements de personnes sont interdits, 

- Les restaurants n'ont le droit d'ouvrir que pour des services à emporter ou livrés,

- L'espace aérien reste fermé,

- Un couvre-feu a été instauré de 20h à 5h du matin,

- Les mouvements inter-districts sont interdits, sauf dérogation,

- Il n'est autorisé de sortir que pour de réelles nécessités,

- Tous les centres commerciaux, cinémas, piscines, parcs, ... restent fermés,

 

La réalité des faits :

 - Le système de rotation des transports est +/- respecté, mais nous constatons que de nombreux véhicules non-autorisés parviennent à circuler,

- Il n'est pas rare de voir des véhicules bondés,

- Les gens ont repris leur vie de quartier consistant à refaire le monde autour d'un bon thé entre amis / voisins, les rues sont à nouveau bondées,

- De nombreux restaurants restent fermés ou en service minimum, mais à l'inverse bon nombre d'entre eux sont ouverts et accueillent leurs clients pour une consommation sur place,

- En moyenne 3 vols internationaux et 4 à 5 vols domestiques sont opérés chaque jour (vols charter),

- Le couvre-feu n'a que très peu d'impact puisque à ces horaires les gens ne sortent pas,

- Environ 2 000 véhicules pénètrent la Vallée de Kathmandu chaque jour. Ces véhicules ont obtenu des dérogations, mais il semble très facile d'en obtenir,

- Bon nombre de centres commerciaux ont rouvert leurs portes,

 

La situation est plutôt favorable à une reprise économique qui devenait nécessaire, mais le virus semble avoir été totalement oublié au profit de ce besoin de reprendre une vie normale. Les autorités n'ont très clairement plus aucun plan et faillissent dans leur communication, ce qui a ouvert des brèches.

 

De plus, il apparaît que l'Etat avait de toute façon besoin de remettre les gens au travail puisqu'il s'est dit que les finances publiques n'avaient plus de quoi verser les salaires des fonctionnaires. En cette période de paiement des taxes salariales et sur les bénéfices des entreprises, il apparaissait de toute façon évident que l'Etat devait saisir l'opportunité de remplir ces caisses publiques. D'où peut-être ce déconfinement improvisé...

 

 

Le Coronavirus toujours en développement...

Rappelons que tout ceci s'est articulé dans un contexte de propagation du virus suivant son rythme d'environ 500 cas par jour, sauf qu'il s'est maintenant répandu dans l'intégralité des 77 disctricts du Népal ; Rasuwa (pays du Langtang) étant le tout dernier district infecté.

 

Au jour de la rédaction de cet article, le bilan est de 13 564 cas, 29 morts, pour 223 630 tests PCR réalisés et 297 891 tests rapides réalisés depuis le début de la crise.

 

L'Etat faisant face à une nouvelle pénurie de tests n'aurait encore maintenant que de quoi tester les population que pendant encore 4 à 5 jours. A raison de 6 000 tests par jour pour une population de plus de 30 millions d'habitants, il est évident que les autorités sanitaires font un choix entre qui tester et qui ne pas tester. Les quelques 600 à 900 personnes personnes qui arrivent chaque jour de l'étranger en font partie et faussent les résultats, puisque l'aspect communautaire de la transmissibilité du virus n'est presque pas pris en compte (sur cette base, l'OMS nie l'existence d'une transmissibilité communautaire) et ces mouvements de personnes arrivant de l'étranger pourraient bien troubler l'organisation sanitaire des districts du sud, déjà bien préoccupés par ldes zones de quarantaine bondées, des mouvements de foules entre Inde et Népal toujours présents et le Coronavirus qui sévit par conséquent bien plus ici qu'ailleurs.

 

Il est donc estimé que les chiffres annoncés par l'Etat cachent une réalité bien plus compliquée, avec très certainement un nombre de cas positifs nettement supérieur aux annonces. A l'image de l'Inde qui évolue, que ce soit de manière politique, sanitaire et démographique, de la même manière que le Népal. Du moins l'inverse...

 

 

Aujourd'hui, l'étape de déconfinement dans laquelle nous sommes a été déclarée en vigueur jusqu'au 22 juillet. C'est donc dans ce contexte toujours plus riche en incertitudes que le Népal vit actuellement.

Il y aurait 3 phases dans le déconfinement. 

La première dans laquelle nous sommes et qui a été décriptée ci-dessus,

La seconde consisterait à ouvrir les transports publics, vols domestiques, faire tourner les entreprises à effectif complet, notamment,

La troisième phase viserait la réouverture des lieux de regroupement de foule, le culte religieux, les avions internationaux et les mouvement inter-districts.

Tout ceci n'a bien sûr aucun cadre politique précis et ne repose que sur les annonces des médias.

 

 

L'espace aérien toujours fermé, jusqu'au 1er août ??? 

Il n'est en fait ouvert que pour des vols charter, destinés à rapatrier les Népalais de l'étranger et les transferts inter-districts. Quelques vols commerciaux sont également opérés pour rapatrier les derniers touristes bloqués au Népal. Par conséquent, dans les faits les aéroports du Népal sont fermés, mais on voit chaque jour des avions dans le ciel et ceci a plutôt tendance à s'intensifier.

De plus, Cela dit, les mouvements intensifs de rapatriement des Népalais de l'étranger ont causé l'écroulement de la capacité logistique de gestion du virus au Népal, avec la mise en quarantaine de milliers de personnes et la réquisition des services de l'armée pour assurer leur transfert. 

La réouverture des vols réguliers se fait de plus en plus annoncer pour le 1er août, même si les autorités n'ont jamais officialisé ce message. Mais cela laisse espérer une saison touristique, vraisemblablement à demi-teinte, mais un peu d'activité tout de même, pour l'automne.

Nous y reviendrons plus bas.

  

 

Pourquoi une intensification du problème peut-elle être attendue ?

Parce que la combinaison entre le rapatriement des Népalais de l'étranger mettant les services de l'Etat dans une situation d'impuissance tant ils sont sollicités, le déconfinement quasi-généralisé et anarchique qui va entraîner de manière certaine une propagation communautaire du virus, les mouvement inter-districts qui sont maintenant devenus aisés, et les services sanitaires qui arrivent à court de tests PCR vont à coup sûr mettre à genou tout le système.

 

Nous ne pensons ni de mal, ni de bien de cette situation et imaginons bien qu'un pays si dépendant de l'aide internationale, en cours de construction avec une constitution ratifiée en 2015 et l'incapacité à organiser un système permettant le bon investissement des recettes de l'Etat ne constituent par un terrain favorable à la gestion de cette crise. 

 

Le confinement a aussi provoqué de nombreux dommages collatéraux qu'il ne faut pas négliger et qui se retrouvent au final bien pires que le virus lui-même. Nous ne donnerons pas de chiffre car il n'y a pas réellement d'étude concrète, mais il a été souvent rapporté que le nombre de suicides à fortement augmenté, tout comme la mortalité infantile et maternelle, sans oublier le combat que nous menons contre la famine.  

 

Toutefois, il semble que la population Népalaise semble relativement immunisée et la population jeune du pays semble favoriser un taux de létalité qui semble très réduit.

 

 

De l'espoir tout de même.

Intensification du nombre de cas, incapacité de l'Etat à gérer le problème, déconfinement accéléré et non maîtrisé, tout semble articulé pour que les choses se dégradent.

 

Nous estimons tout de même qu'il y a de l'espoir car les Népalais ont toujours fait preuve de résilience et finalement le Coronavirus ne semble pas faire autant de dégâts, malgré le fait que les chiffres publiés sont évidemment faux. Il y a des signes qui ne trompent pas et le taux de mortalité semble ici réellement faible.

Les conséquences du confinement ont provoqué un désastre humanitaire qui, nous l'espérons, commencera à s'estomper grâce au déconfinement.

 

De plus, la réouverture progressive laisse encore espérer un retour des touristes à la prochaine saison de trekking, à savoir de septembre à décembre. 

 

L'espace aérien devrait rouvrir l'opération des vols réguliers à compter du 1er août, on peut donc se dire qu'à compter d'octobre les touristes devraient pouvoir revenir au Népal dans des conditions normales, sauf imprévu ou rebondissement bien sûr...

 

 

Le tourisme de retour à l'automne ???

Personne ne le sait !

 

Mais si on regarde les choses comme elles semblent s'articuler, il est évident que les autorités ont pour objectif de faire en sorte que le Népal soit prêt pour la prochaine saison de tourisme. Il en a besoin !

 

Bien sûr, tout cela dépendra d'une éventuelle nouvelle vague et de l'absence de virus dans le pays, mais gardons espoir.

 

Avec une réouverture de l'aéroport de Kathmandu prévue le 1er août, la situation en Europe qui semble plutôt bonne avec des vols internationaux qui commencent dors et déjà à tout doucement être réopérés, et la marge de temps dont nous bénéficions avant l'automne, il semble envisageable de projeter des voyages à compter de début octobre.

 

On peut s'attendre en août à des restrictions très strictes, voire des quarantaines à l'arrivée sur le territoire Népalais. En septembre on peut s'attendre à un assouplissement de ces conditions pour ensuite bénéficier d'une ouverture favorable au tourisme.

 

L'automne sera de toute façon calme, avec une fréquentation touristique en chute libre et une multitude d'agence de voyages ayant fermé leurs portes entre temps, mais il y a peut-être une carte à jouer, pour les agences survivantes pour proposer une nouvelle façon de voyager dans un marché moins industriel et pour les voyageurs de se permettre de parcourir dans le calme des régions habituellement bondées. 

 

Attention, nous n'en sommes encore aujourd'hui qu'au stade de la spéculation et de l'espérance !

Le scénario que nous vous présentons est le plus optimiste, il reste encore incertain, merci donc de prendre nos informations avec des pincettes !

 

Le monde entier est devenu pessimiste par nature, surtout en raison des médias qui ne pointent du doigt que les détails alimentant les thèses alarmistes, mais à l'inverse on peut également avoir un discours d'espoir et permettre à chacun de développer ses projets personnels, plutôt que de se morfondre dans un système laissant peu de place au positivisme et en notre capacité à rebondir.

 

 

Et Nepatrek dans tout cela ?

Bien sûr toujours en sommeil, notre agence a développé 2 programmes de distribution alimentaire dans un camp de réfugiés. Au total, presque 10 tonnes de nourriture ont été distribuées.

 

Plus que jamais en situation délicate, nous avons justement fait ce choix de ne pas rester attentistes et de trouver un moyen de rendre utile et de rebondir sur cette dynamique.

 

Notre agence est dans une situation financière critique, mais elle n'est pas en danger à l'heure actuelle. Elle est toute jeune, pleine d'ambition, de volonté et sa taille permet la mise en sommeil que d'autres ne peuvent pas se permettre. 

 

Nous espérons vivement que la saison automne nous permettra l'organisation d'au moins quelques circuits de manière ne pas mettre en péril notre pérennité, mais nous restons optimistes car les choses semblent s'articuler pour un retour à la normale après l'été.

 

Certains ne partageront pas notre avis, nous l'assumons et restons sur notre ligne pour être prêts  dès la ré-ouverture du tourisme à tout moment. 

 

Cette crise nous a également permis de nous projeter vers le futur et de programmer plusieurs projets de nouveaux circuits que vous aurez plaisir à découvrir !

 

La crise a fait réfléchir au moins quelques personnes, on le constate en France, nous voulons entretenir et partager leur opinion en proposant des circuits / voyages qui ont toujours plus de sens, plus d'implication dans l'ancrage local et plus de respect de l'environnement et des cultures que vous découvrirez.  

 

Nous pensons que ce genre de crise est une expérience à vivre et doit être vue comme une manière de rebondir plutôt que de rester attentistes.

 

Amis voyageurs, faites nous confiance et n'hésitez pas à nous solliciter pour vos futurs projets de voyages. Nous sommes opérationnels et seront prêts dès la ré-ouverture du tourisme au Népal, le tout avec la souplesse que nous imposent ces circonstances particulières.

 

 

 

Quelque chose à faire pour nos guides.

Si pour Nepatrek la situation est difficile, mais contrôlée, elle est toutefois bien plus dure pour nos guides qui sont sans revenu depuis fin mars et au minimum jusqu'à octobre. Il n'y a pas de système social au Népal, vivre pendant 6 mois sans revenu est tout simplement impossible.

Pour nous, il est tout simplement impossible de verser des salaires à nos guides pendant toute cette période, il en irait de la pérennité de Nepatrek.

Par conséquent, nous souhaiterions réaliser un appel à la solidarité vis-à-vis de nos guides que nous ne voulons pas oublier.

 

Ils s'appellent Pasang, Sonam, Nima, Mane, Krishna, Vishnu, Bishal, Karpu, Gopal, Samba, Pema, Kapil, ou encore Niru notre hôtesse d'accueil ; vous connaissez au moins l'un d'entre eux.

Il / elle vous a accompagné en trek, en circuit culturel / spirituel, vous a accueilli à l'aéroport, accompagné en visite à Kathmandu, voire accueilli chez lui, nous voulons les aider eux aussi en constituant une cagnotte qui leur sera dédiée et distribuée de manière équitable et égale. 

 

Nous lançons donc un appel à votre générosité qui a déjà été énorme, mais ne les laissons pas ainsi.

 

Pour cela, écrivez nous à info@nepatrek.com ou versez directement un don à notre association.

 

Merci.